lundi 9 janvier 2012

Le Figaro - International : La France, ce punching-ball des primaires républicaine

Les attaques personnelles se sont mises à pleuvoir lors des débats présidentiels républicains, à la veille de la première primaire de la course à la nomination du Grand Old Party, programmée ce mardi dans le New Hampshire. Mais s'il est une cible sur laquelle les candidats sont d'accord pour frapper à qui mieux mieux, et en tir groupé, c'est bien l'Europe, devenue, en dehors d'Obama, le punching-ball le plus prisé de la campagne.

«Cette élection concerne l'âme de l'Amérique… nous ressemblons de plus en plus à l'Europe. Mais l'Europe ne marche pas pour l'Europe, et cela ne marchera jamais ici!», a lancé samedi soir le favori du scrutin Mitt Romney[1]. «Nous avons un président qui veut créer un État-providence de style européen, où le gouvernement prend aux uns pour donner aux autres. Cela tuera la capacité de l'Amérique à créer un futur prospère», a-t-il averti. «Je suis d'accord», a renchéri l'ancien speaker Newt Gingrich, évoquant «la tentative radicale d'Obama » pour créer « un État socialiste à l'européenne ». Ces derniers jours, le conservateur Rick Santorum[2] avait pris la France, déchristianisée et étatisée à l'extrême pour cible. «Les Européens nous haïssent parce que nous soutenons le christianisme comme une bonne chose », confiait-il il y a quelque temps lors d'une interview.

L'Europe en antimodèle

Cette bouffée antieuropéenne n'est pas nouvelle. Les républicains se sont toujours gaussés - pas totalement à tort d'ailleurs - de la vieille Europe, vue comme « un continent postmoderne » à bout de souffle, perclus d'avantages sociaux démesurés et de sentiments pacifistes paralysants. Les conservateurs gardent ancrés en eux le souvenir cuisant du veto français à l'intervention américaine en Irak en 2003, même s'ils ont depuis reconnu à contrecœur que la position française ne manquait pas d'arguments. Mais dans le contexte très inquiétant de la crise de l'euro, l'Europe est surtout présentée comme un antimodèle économique, l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire.

Dans le cas de Romney, son expérience de la France[3], où il a vécu deux ans et demi comme jeune missionnaire dans les années 1960, semble avoir joué un rôle décisif dans cette allergie européenne. Mitt Romney a bien failli mourir sur une route française, dans un accident de voiture. Mais il a surtout gardé le souvenir d'un peuple de mécréants cyniques qui lui claquaient la porte au nez, quand il tentait de les convertir à la foi mormone. Pour lui, pour Gingrich, pour Santorum, la France est « un pays d'églises dépeuplées et de gens assistés ».

Tout à leur credo antieuropéen, les républicains semblent oublier que la crise financière a été déclenchée par la dérégulation sauvage de Wall Street et la crise immobilière américaine. Ils taisent allégrement le comportement irresponsable de leurs banques et de leurs citoyens en matière d'endettement, une amnésie qui exaspère les Européens et notamment les Allemands. Tout le monde est mis dans le même sac, Grèce, France, Allemagne et bien sûr Obama, dans le but évident de discréditer ce dernier. Il est pourtant intéressant de constater que le président n'est pas beaucoup plus amateur d'Europe que ses adversaires. Depuis le début de son mandat, il y a été largement indifférent. Mis bout à bout, son récent virage stratégique vers l'Asie et le european bashing des républicains révèlent une relation transatlantique qui n'est pas au pic de sa forme…

LIRE AUSSI: 

» Ron Paul, icône de la jeunesse républicaine[4]

» FOCUS - Les primaires républicaines, un marathon de six mois[5]


Source:http://www.lefigaro.fr/international/2012/01/09/01003-20120109ARTFIG00380-la-france-ce-punching-ball-des-primaires-republicaine.php
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